Un réveil matinal nous évite le pire de la circulation provoquée par l'afflux de travailleurs dans la capitale Pointe-à-Pitre.
Elle nous permet de traverser la Rivière Salée plus vite que prévu et vers l'autre aile de l'île, que les colons ont baptisée Basse Terre.
Nous sommes dans l'un des territoires les plus reculés de l'Union européenne.
L'injection massive d'euros par la métropole française a doté ces domaines des Petites Antilles de routes et autres infrastructures dont la plupart des voisins caribéens n'osent pas rêver.
De part et d'autre de la route, des bananeraies à perte de vue remplissent le paysage de la côte aux contreforts des montagnes qui dépassent de l'intérieur. Cet océan de verdure assure la principale exportation de la Guadeloupe et le gagne-pain de nombreuses familles.
Nous avons avancé vers le sud. On y croise aussi la culture rivale de la canne à sucre, jadis la seule à mériter l'attention et le dévouement des colons qui en bordèrent leurs vastes domaines et approvisionnèrent les distilleries de rhum.
Les villages de Goyave et Sainte-Marie sont laissés pour compte. Peu de temps après, nous avons trouvé un temple hindou aussi exubérant que déplacé dans ces parties occidentales et que seul un caprice de l'histoire pouvait justifier.
Little India sur l'île aux papillons de Guadeloupe
La Guadeloupe abrite l'une des plus importantes populations indiennes d'Amérique latine.
Vers 1850, en raison de la Révolution française et de la diffusion de leurs idéaux, les colons tantôt français, tantôt britanniques de l'île ne pouvaient plus compter sur le travail des esclaves pour couper la canne à sucre.
Les deux puissances décidèrent de s'unir dans la solution. Ils ont importé quelque 40.000 XNUMX travailleurs de la région du Tamil Nadu, où Pondichéry a servi de tête de pont à une éventuelle expansion francophone dans le sous-continent.
Quelques années plus tard, ce recrutement a pris fin. Les Indiens sont restés et intégrés. Aujourd'hui, ils sont environ 55.000 XNUMX. Ils ont cessé d'utiliser le dialecte et les noms tamouls. Seules quelques personnes âgées entretiennent des liens avec le Inde.
Vers les luxuriantes Chutes du Carbet
A Capesterre-Belle-Eau, il y a enfin un détour par ce que nous avions défini comme la première étape de la matinée, les Chutes du Carbet. Ce n'était ni plus ni moins que le cascades le plus impressionnant de Guadeloupe, divisé par trois sauts distincts sur les pentes de la grande montagne de l'île aux papillons, La Soufrière.
En s'éloignant du bord de mer, la route départementale devient raide. Il pénètre dans une forêt dense et humide que la brume matinale caresse et irrigue.
Pendant un certain temps, nous sommes les seuls voyageurs à parcourir la route sinueuse. Jusqu'à ce qu'une petite Peugeot conduite par une dame qui jette un œil au-dessus d'un volant surgisse de nulle part et nous presse d'accélérer la montagne.
Nous avons le sentiment qu'un employé du parc a dormi trop longtemps. Nous avons pris le chemin étroit et escarpé vers le poursuivant, comme une escorte forcée.
Un rond-point herbeux annonce la fin de la course. Le natif court pour trancher la pointe. Elle revient ensuite soulagée et souriante pour nous faire savoir que nous étions arrivés avant l'heure d'ouverture. Et que, comme prix, il nous dispensait de payer les droits d'entrée.
Nous acceptons volontiers. Dans le toujours cher Antilles Françaises, toutes les économies sont les bienvenues.
En moins de 15 minutes, on atteint un balcon conquis par la végétation et le Carbet. Nous nous penchons au-dessus de la barrière mais ne voyons presque qu'un arbre tropical au feuillage dense.
Peut-être cédées à des préoccupations environnementales légitimes, les autorités avaient oublié de découvrir les attraits du parc. Déterminés à dégager une perspective claire, nous sommes contraints d'envahir le lit rocheux de la rivière.
Et c'est sur l'un de ses plus gros galets que l'on peut dévoiler la majestueuse cascade.
Vélo, Combats de coqs : Loisirs sur l'île aux papillons de Guadeloupe
Nous retournons à la côte par le même itinéraire. A cette époque, le réveil de la plupart des villageois alentour s'est confirmé. L'un d'eux s'apprête à faire du vélo coloré. on se voit à l'entrée de chez vous plain-pied planté en bord de route.
Nous sommes enthousiasmés par l'étrange photogénie sportive, qui n'est renforcée que lorsque le cycliste ramasse et caresse un coq de combat blanc.
« Par ici, le vélo est le sport favori », nous informe Daril. « J'allais juste rencontrer des amis. Nous faisons 150 km par jour pour préparer les courses les plus importantes de Guadeloupe et du Martinique. Mais aussi nous parions sur les combats de coqs.
Si vous voulez le voir, je serai bientôt à Petit Bourg avec celui-ci et d'autres. Montrez-vous là-bas!"
Nous avons arrêté notre visite à la pointe sud de l'île en forme de papillon, pour examiner quelques plages de sable noir et la silhouette diffuse de l'archipel des Saintes.
La frénésie marchande et politique du délicieux marché de Basse-Terre
Nous retournons à Basse Terre, le village principal de la sous-île du même nom. Là, on marche par le marché emplacement, entre les étals de fruits tropicaux et d'artisanat.
Certains des vendeurs désinvoltes essaient de nous imposer leurs marchandises. D'autres préfèrent se réfugier contre la menace psychologique de nos chambres. Dans un premier temps, c'est le cas de Marie-Louie Jelda et Legois Polycarpe. Avec insistance et conversation, nous avons gagné la confiance des dames là-bas. Ils finissent par se laisser photographier.
Ismaël Patrick nous appelle sur le stand voisin et exprime son désaccord : « Si votre idée était de prendre des images de Guadeloupéens, vous auriez dû choisir d'autres personnes. Ce sont des immigrants haïtiens.
Il se plaint également qu'une partie importante des commerçants du marché vendent des produits chinois. Après avoir justifié son look distinctif par les racines ethniques du Tamil Nadu, il avoue que, faute de bonnes affaires avec les produits locaux, il avait opté pour les épices et essences indiennes.
Il procède ensuite à un monologue quasi contestataire qui promeut le collectif politique LKP (Liyannaj Kont Pwofitasyon) et ses revendications contre les injustices du gouvernement de la métropole et de la fait signe, les colons tout-puissants qui continuent de contrôler la Guadeloupe.
Avant même de quitter le marché, nous nous amusons à regarder une mère âgée battre son fils, en public, pendant qu'il l'écoute avec un sac très lourd sur le dos, torse nu, patient et plaisant.
Les plages de l'île et le Ti Punch qui vous donne plus de saveur
Nous continuons à découvrir l'île aux papillons, désormais sur un parcours sud-nord plein de virages fastidieux. Nous avons fini par utiliser cette fatigue comme prétexte pour nous arrêter nous baigner sur les plages face aux Caraïbes.
Dans l'un d'eux, quelques mètres (français européens) font ce qu'ils peuvent pour atténuer la monotonie de la relation. Il montre à son partenaire et aux autres baigneurs sa maîtrise de n'importe quel art martial. Elle, l'ignore autant qu'elle peut. Il s'efforce de ne pas perdre le fil dans l'écheveau du roman qu'il est en train de lire.
Sur une autre plage, Grande Anse, perdu parmi des centaines de bouteilles de liqueur folkloriques, Fredy Punch et sa femme Martine nous recrutent pour une dégustation de tu frappes. Nous sirotons des échantillons de rhum au goût de fruits tropicaux tout en discutant avec l'hôte indigène.
Pendant ce temps, un groupe de chercheurs français nouvellement arrivés approche Fredy. Attiré par ses chiffres bien supérieurs, Fredy se consacre à attirer de nouveaux clients.
Nous nous sommes frayés un chemin sur le versant nord du moule à papillons de l'île, modernisé, renversé par des bâtiments et avec moins d'intérêt visuel.
Jordan, l'Eddie Murphy de la Pointe des Châteaux
Nous retournons en trois fois sur la Grande Terre, l'autre « aile » plate de la Guadeloupe. Jetez un œil à la Pointe des Châteaux, la fin d'une langue de terre capricieuse qui pointe vers l'est.
Là, la confluence des mers du nord et du sud, exposée aux intempéries du fait de l'isolement géographique du lieu, provoque une instabilité qui agite les eaux, la basse végétation côtière et les étals des vendeurs d'artisanat.
Jordan Etienne quitte l'abri de la tente pour nous refiler ses chapeaux en feuilles de palmier tressées.
On dirait un clone d'Eddie Murphy pour nous. La conversation commence, blague après blague, nous avons confirmé qu'Hollywood n'était pas votre truc. Jordan avait étudié les métiers à Algés.
Il aimait Lisbonne où il avait appris le portugais et laissé des amis.