Lors de précédents contacts en ligne, Philippe Lucien nous avait déjà prévenu qu'il était déprimé. Peu de temps après qu'on l'ait retrouvé dans l'une des maisons de vacances qu'il gère, il avoue enfin la raison : « Vous savez, ma vie en Martinique n'est pas facile.
Je suis né ici mais j'ai déménagé tôt en France, je me suis marié là-bas et j'ai eu des enfants. Mais je ne me suis jamais senti intégré. Ils me demandaient tout le temps si j'étais d'Algérie ou du Maroc, un peu méfiant de mon look. Après, quand je suis revenu ici, je me sentais aussi sans identité.
On est dans un paradis officiellement français, mais ici, il faut choisir de quel côté on habite, le noir ou le blanc… Je n'appartiens à aucun.
Dans les différents week-ends que nous passons à table avec lui et sa compagne Séverine, les contradictions francophones des Antilles reviennent sans cesse au premier plan, avec les développements les plus nets. Puis, les matins suivants, nous sommes partis tôt pour explorer la Martinique et vivre le thème sur le terrain.
Philippe Lucien est le fils d'un riche avocat de Fort-de-France. C'est dans ces deux générations de Luciens que la capitale de l'île a le plus changé.
La rivalité de Fort-de-France avec le voisin Saint Pierre en raison du statut de capitale, elle dura jusqu'au tournant du XXe siècle, lorsque les deux villes avaient presque le même nombre d'habitants et partageaient des institutions administratives et militaires. A cette époque, Saint Pierre était au premier plan car sa population était plus concentrée et urbaine.
Mais en 1902, Le volcan de la montagne Pelée est entré en éruption et l'a dévastée. Seuls deux de ses presque 30.000 XNUMX habitants résistent et les survivants des environs doivent déménager à Fort-de-France.
Depuis, la ville est devenue la véritable capitale de la Martinique et n'a cessé de grandir.
Une curieuse incursion dans le quartier Trenelle-Citron
Avec l'avènement de la crise économique des années 30 et de la Seconde Guerre mondiale, Fort-de-France devient incontrôlable alors que la population approche les 2 100.000 habitants, dont beaucoup s'installent dans des bidonvilles.
De 1945 à 2001, le mai Aimé Césaire a cherché à remettre de l'ordre dans sa ville, mais tous les problèmes n'ont pas été complètement résolus.
On retrouve dans l'un d'eux – le quartier Trenelle-Citron – un attrait visuel inattendu qui finit par donner lieu à l'une des aventures les plus curieuses que nous vivons en Martinique.
Nous sondons les ruelles en contrebas d'un viaduc dans la banlieue de Shoelcher pour trouver un endroit pour photographier les maisons de Trenelle lorsque nous croisons une rue du Photographe. À un mauvais moment, nous avons décidé d'enregistrer votre plaque.
Aussitôt, la porte d'une maison voisine s'ouvre et un jeune habitant au torse nu et à la barbe épaisse sort en hurlant de manière intimidante. "Qu'est-ce que vous voulez? Sors d'ici! Ils n'ont rien pour s'immiscer dans nos vies.
Une confusion et un rejet compréhensibles
Nous avons réagi avec étonnement et avons pris plusieurs minutes pour calmer le résident, quant à lui accompagné de 5 amis tous coiffés de casquettes, vêtements de sport et, heureusement, beaucoup plus cool.
Avec la patience nécessaire, nous leur expliquons et leur prouvons que nous n'avons rien à voir avec la police. Il suffit de nous dire qu'ils sont de Haïti et République Dominicaine, et la raison de tant d'inquiétude : « Depuis qu'ils ont ouvert le commissariat là-bas, ils n'ont cessé de nous contrôler.
Nous n'avons plus la patience de les supporter et nous mettons cette caméra au-dessus de la porte pour voir quand ils viennent ici. C'est comme ça qu'on t'a vu. Ici, ils nous arrêtent pour tout et pour rien. Nous faisons du vélo et entrons à l'intérieur. Nous fumons de l'herbe et rentrons à l'intérieur..."
Nous avons fini par vivre avec le «gangsta” Rolando et António de Castilla et nous avons parlé de tout.
de l'inconnu Portugal, Carnaval et femmes brésiliennes et les politiques économiques de Sarkozy et du paisible, les descendants des premiers colons de l'île, certains d'entre eux issus de familles encore et toujours puissantes que la population reproche au coût de la vie de plus en plus inabordable en Martinique.
Ensuite, nous nous sommes dit au revoir dans un respect mutuel et avons continué jusqu'au cœur de la capitale.
Fort-de-France : la capitale caribéenne de la Martinique
Nous longeons la passerelle en bois qui longe la mer des Caraïbes, surplombant le jardin de la place de La Savane et jusqu'à l'imposante muraille du fort Saint Louis et de la base militaire, où flottent des cocotiers et un incontournable drapeau tricolore.
En journée, Fort-de-France se livre à l'activité de ses nombreux magasins de plain-pied, principalement des magasins de chaussures et des boutiques à armées de mannequins.
Nous traversons le Grand Marché, plein de fruits tropicaux, d'arômes d'épices, d'artisanat et de bouteilles de rhum, coup de poing et autres spécialités de liqueurs vendues par de grandes dames et des cadeaux promotionnels encore plus gros qui nous demandent "De ce département êtes-vous…” curieux de savoir de quel coin français nous venons.
Autour de nous, nous avons également discuté avec deux Égyptiens qui ont nommé leur boutique Adham et ont rejoint une communauté d'immigrants déjà importante du Moyen-Orient et des régions environnantes.
Nous rencontrons également la famille Chen qui a décidé il y a trois ans de déménager de Cayenne et d'ouvrir son bazar Mei Dieda car la Guyane est devenue trop dangereuse.
De temps en temps, ce Fort-de-France plus terre-à-terre et multiethnique vous fait oublier à qui vous appartenez. La sensation dure rarement.
Lorsque nous arrivons aux abords de la cathédrale Saint-Louis, ont lieu les funérailles d'un ancien combattant, une cérémonie qui se déroule avec faste et circonstance militaire.
La lente procession vient de la zone côtière décorée de plus de drapeaux et d'insignes français.
Fonctionnaires, famille et amis au profil gaulois saluent et saluent d'autres Afros, et le moment, si délicat, brasse une nouvelle fois les données. Il nous a fallu un an ou deux à vivre dans ces confins francophones pour mieux comprendre ses véritables principes universels.